Opinions & Débats1 mai 2011
« Le Parti socialiste doit écouter les travailleurs du sexe », par Thierry Schaffauser, du Strass Publié par Christophe Martet Dans Opinions & Débats
En novembre dernier, le Parti socialiste a inscrit la pénalisation de nos clients dans son programme, rebaptisés à l’occasion « prostitueurs » afin de mieux les stigmatiser. La députée PS, Danielle Bousquet, milite également depuis longtemps pour cette mesure et a utilisé la mission parlementaire sur la prostitution qu’elle préside pour la faire avancer.
Le PS s’aligne ainsi sur une certaine frange du féminisme et du christianisme social qui font du travail sexuel par définition une violence contre les femmes, comparé à de l’esclavage et au viol. Selon cette approche, la sexualité devrait être libre de toute interférence économique ou deviendrait forcément contrainte.
Cependant, cette définition pose problème car le viol se caractérise par l’absence de consentement et non l’absence de désir, et le désir lui-même n’est pas toujours absent non plus avec un client. Pénaliser nos clients reviendrait à criminaliser de nouveau la sexualité entre adultes consentants, qui ironiquement n’existait plus depuis la dépénalisation de l’homosexualité par le même PS en 1981. A l’époque, on estimait que les jeunes de moins de 21 ans devaient être protégés de l’homosexualité tandis qu’à partir de 15 ans les hétérosexuels étaient capables d’exprimer leur consentement.
Si l’on ouvre cette porte à nouveau, jusqu’où l’interférence de l’État pourrait ensuite aller et où placer la limite de ce qui serait une sexualité acceptable ou non? Quelles autres personnes seront ainsi infantilisées après les travailleurs sexuels pour décider à leur place de ce qu’elles doivent faire de leur corps? Jusqu’où iront la négation et la confiscation de notre parole? Ce serait un précédant inquiétant d’autant plus quand certains tentent déjà de préparer notre psychiatrisation en décrivant les travailleurs du sexe comme psychologiquement détruits par un passé traumatique d’inceste et de violence.
Mais ne nous y trompons pas. Ce discours sur les violences subies par les travailleurs sexuels n’a pas pour but de lutter contre ces violences mais uniquement de nous réduire au silence par un statut de victime qui ne sait pas ce qu’elle dit ou qui nierait la réalité en prenant partie pour son « agresseur » tel un syndrome de Stockholm.
Lors d’un débat télévisé sur la Chaine parlementaire, madame Bousquet expliquait en ces termes pourquoi les travailleurs sexuels s’opposent à son projet de pénaliser les clients: « Aucune personne prostituée pendant qu’elle exerce la prostitution ne dira jamais qu’elle est contrainte, jamais. Tout le monde effectivement dit que ‘je le fais volontairement’. Ce n’est qu’au moment où la prostitution s’arrête que les personnes disent en fait ce n’était pas ce je disais […] Parce que quand on va voir un client ce n’est pas pour pleurer devant le client, c’est pour lui faire passer entre guillemets un bon moment, donc on est obligé d’être joyeux et normal et dire mais oui je fais ça pour le plaisir parce que j’aime ça parce que j’ai besoin de gagner ma vie enfin on minimise les causes qui ont conduit effectivement à la prostitution. »
Cette citation est claire. Pour Danielle Bousquet, il n’y a nul besoin d’écouter ce que les travailleurs du sexe ont à dire. Or pour nous, la réelle violence, elle est là.
Si le PS veut tant lutter contre les violences faites aux femmes, pourquoi propose-t-il de pénaliser ceux qui respectent le contrat, tandis que rien n’est jamais fait pour lutter contre les vrais viols? Encore aujourd’hui, la plupart des plaintes pour viol déposées par les travailleurs du sexe ne sont pas prises au sérieux, quand elles parviennent à être enregistrées.
En réalité, le PS est bien hypocrite quand il prétend vouloir protéger les travailleurs du sexe et non nous pénaliser, alors que depuis des années des municipalités qu’il dirige comme à Lyon, mènent une guerre acharnée contre nous à coup d’amendes et d’arrêtés municipaux, nous repoussant toujours plus vers les zones urbaines les plus dangereuses.
A l’heure où s’ouvre enfin le débat en France sur l’assistance sexuelle qui est légale dans la plupart de nos pays voisins, le PS pense-t-il inclure la pénalisation des clients aux personnes handicapées? Seront-elles et ils aussi appelés « prostitueurs » et comparés à des violeurs en puissance?
En novembre dernier, le Parti socialiste a inscrit la pénalisation de nos clients dans son programme, rebaptisés à l’occasion « prostitueurs » afin de mieux les stigmatiser. La députée PS, Danielle Bousquet, milite également depuis longtemps pour cette mesure et a utilisé la mission parlementaire sur la prostitution qu’elle préside pour la faire avancer.
Le PS s’aligne ainsi sur une certaine frange du féminisme et du christianisme social qui font du travail sexuel par définition une violence contre les femmes, comparé à de l’esclavage et au viol. Selon cette approche, la sexualité devrait être libre de toute interférence économique ou deviendrait forcément contrainte.
Cependant, cette définition pose problème car le viol se caractérise par l’absence de consentement et non l’absence de désir, et le désir lui-même n’est pas toujours absent non plus avec un client. Pénaliser nos clients reviendrait à criminaliser de nouveau la sexualité entre adultes consentants, qui ironiquement n’existait plus depuis la dépénalisation de l’homosexualité par le même PS en 1981. A l’époque, on estimait que les jeunes de moins de 21 ans devaient être protégés de l’homosexualité tandis qu’à partir de 15 ans les hétérosexuels étaient capables d’exprimer leur consentement.
Si l’on ouvre cette porte à nouveau, jusqu’où l’interférence de l’État pourrait ensuite aller et où placer la limite de ce qui serait une sexualité acceptable ou non? Quelles autres personnes seront ainsi infantilisées après les travailleurs sexuels pour décider à leur place de ce qu’elles doivent faire de leur corps? Jusqu’où iront la négation et la confiscation de notre parole? Ce serait un précédant inquiétant d’autant plus quand certains tentent déjà de préparer notre psychiatrisation en décrivant les travailleurs du sexe comme psychologiquement détruits par un passé traumatique d’inceste et de violence.
Mais ne nous y trompons pas. Ce discours sur les violences subies par les travailleurs sexuels n’a pas pour but de lutter contre ces violences mais uniquement de nous réduire au silence par un statut de victime qui ne sait pas ce qu’elle dit ou qui nierait la réalité en prenant partie pour son « agresseur » tel un syndrome de Stockholm.
Lors d’un débat télévisé sur la Chaine parlementaire, madame Bousquet expliquait en ces termes pourquoi les travailleurs sexuels s’opposent à son projet de pénaliser les clients: « Aucune personne prostituée pendant qu’elle exerce la prostitution ne dira jamais qu’elle est contrainte, jamais. Tout le monde effectivement dit que ‘je le fais volontairement’. Ce n’est qu’au moment où la prostitution s’arrête que les personnes disent en fait ce n’était pas ce je disais […] Parce que quand on va voir un client ce n’est pas pour pleurer devant le client, c’est pour lui faire passer entre guillemets un bon moment, donc on est obligé d’être joyeux et normal et dire mais oui je fais ça pour le plaisir parce que j’aime ça parce que j’ai besoin de gagner ma vie enfin on minimise les causes qui ont conduit effectivement à la prostitution. »
Cette citation est claire. Pour Danielle Bousquet, il n’y a nul besoin d’écouter ce que les travailleurs du sexe ont à dire. Or pour nous, la réelle violence, elle est là.
Si le PS veut tant lutter contre les violences faites aux femmes, pourquoi propose-t-il de pénaliser ceux qui respectent le contrat, tandis que rien n’est jamais fait pour lutter contre les vrais viols? Encore aujourd’hui, la plupart des plaintes pour viol déposées par les travailleurs du sexe ne sont pas prises au sérieux, quand elles parviennent à être enregistrées.
En réalité, le PS est bien hypocrite quand il prétend vouloir protéger les travailleurs du sexe et non nous pénaliser, alors que depuis des années des municipalités qu’il dirige comme à Lyon, mènent une guerre acharnée contre nous à coup d’amendes et d’arrêtés municipaux, nous repoussant toujours plus vers les zones urbaines les plus dangereuses.
A l’heure où s’ouvre enfin le débat en France sur l’assistance sexuelle qui est légale dans la plupart de nos pays voisins, le PS pense-t-il inclure la pénalisation des clients aux personnes handicapées? Seront-elles et ils aussi appelés « prostitueurs » et comparés à des violeurs en puissance?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire