lundi 3 janvier 2011

A LIRE

Il y a maintenant très longtemps que je possède ce petit texte, et même si celui ne reflète pas en totalité ce que je peux ressentir pour ma maîtresse bien aimée je vous le livre en son intégralité. Bonne lecture à tous


La dépendance affective

Certaines personnes ont une telle peur d’être rejetées qu’elles orientent toute leur vie en fonction de cette peur. Soit elles vivent dans la soumission la plus totale, soit elles cherchent à être rejetées. Tant et aussi longtemps qu’elles n’auront pas fait la paix avec leur peur et n’en auront pas compris l’origine, elles ne pourront pas s’en débarrasser. Ces personnes souffrent de dépendance affective.

Qu’est-ce que la dépendance affective et pourquoi estce nécessaire d’en guérir pour avoir complètement accès à la joie de vivre et au bonheur? La dépendance affective est un état inconfortable, une maladie émotionnelle liée aux carences ou aux manques dont souffre une personne parce que ses besoins fondamentaux d’enfant n’ont pas été comblés de façon satisfaisante. Il n’est pas nécessaire qu’on se souvienne que ses besoins n’ont pas été comblés pour souffrir d’une tellecarence émotionnelle. En général, c’est plutôt le contraire qui se passe. La personne dira qu’elle n’a pas de souvenirs précis des peines ou des impressions de rejet qu’elle aurait pu ressentir au cours de sa tendre enfance. Lorsqu’ils entreprennent une thérapie, quantité de gens affirment ne se souvenir ni des joies ni des peines de leur enfance. C’est comme s’ils avaient tourné la dernière page de ce chapitre de leur vie sans
l’avoir jamais lu.

Pour souffrir de carences émotionnelles, pas besoin d’avoir subi des mauvais traitements comme ceux que l’on voit dans le film La Petite Aurore l’enfant martyre. Dans cette histoire inspirée d’un fait vécu, une mère déséquilibrée brûle sa fille avec des cigarettes et lui fait manger du savon, pour ne mentionner que ces sévices. Puisque les carences sont liées au fait qu’un ou des besoins d’un enfant n’ont pas été comblés de façon satisfaisante, on peut facilement comprendre que les circonstances entraînant cette non-satisfaction sont multiples.

Tous les spécialistes de la santé mentale s’entendent pour dire que les six premières années de la vie d’un enfant laissent en lui des marques importantes qui influenceront l’image qu’il aura de lui-même en tant qu’adulte et qui seront déterminantes dans ses comportements avec les autres. La majorité des spécialistes affirment aussi que nous ne sommes pas influencés émotionnellement seulement à partir de notre naissance, mais dès notre conception et pendant les neuf mois de gestation au cours desquels nous sommes liés à notre mère dans une symbiose totale. Cette symbiose signifie que nous n’avons pas de vie autonome et que, si nous vivons, nous le devons entièrement à la personne qui nous porte en elle. C’est la raison pour laquelle on conseille aux femmes enceintes de surveiller leur alimentation, de réduire leur consommation d’alcool et de ne pas s’exposer à trop de stress. Ça devrait aussi faire réfléchir ceux
et celles qui veulent un enfant. On ne devrait donner la vie à un enfant qu’à la condition de le désirer vraiment avec la ferme intention de lui procurer tout ce dont il aura besoin, tant sur le plan affectif que sur le plan matériel.

L’un des meilleurs exemples que je puisse donner sur l’importance de la vie utérine est celui de ma propre conception. L’histoire est triste mais vaut la peine d’être relatée pour illustrer à quel point cette première étape de la vie peut marquer, de façon positive ou négative, l’être en devenir et installer en lui des peurs que, plus tard, il ne comprendra pas. Cette histoire m’a été racontée par ma mère alors que j’approchais déjà de la trentaine et tentais désespérément de comprendre pourquoi une profonde nostalgie m’avait toujours habitée. Sur les photographies prises lorsque j’étais très jeune, on décèle facilement le mal de vivre qui m’imprégnait totalement. Il peut encore aujourd’hui m’arriver d’en souffrir si je manque de vigilance.

Il est important de préciser que les peines ou les peurs qui s’installent chez l’enfant au moment de la conception et de la gestation sont différentes de celles qui se développent après sa venue au monde. À ce stade, l’enfant est en symbiose avec sa mère et c’est donc elle qui lui transmet ses peurs sans qu’il puisse intervenir. Le combat pour se défaire de telles peurs est donc plus difficile que tous les autres.

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Revenons à l’histoire de ma venue sur terre. En vacances pour quelques jours à Rapide-Blanc, mes parents avaient loué, avec quelques autres personnes de la famille, une grande maison en demi-lune. Selon ma mère, âgée alors de 42 ans, ils avaient beaucoup de plaisir. Un soir, mon père, toujours «en forme», propose à ma mère d’avoir des rapports sexuels, mais elle lui répond qu’elle préfère s’abstenir pour ne pas risquer une grossesse. À l’époque, la famille était composée de huit enfants (deux autres étaient morts prématurément), et devenir enceinte était la dernière chose au monde qu’elle souhaitait. Lorsqu’elle avait épousé mon père, il était veuf et avait déjà des enfants. Elle-même avait mis au monde cinq enfants. De plus, mon père était âgé de 52ans et souffrait d’un diabète sévère. Ma mère ne trouvait donc pas très opportun d’envisager une autre naissance. Ces objections n’eurent pas raison
de la détermination de mon père. Irlandais et catholique pratiquant, il était contre toute forme de contraception, mais n’était pas très enclin à l’abstinence.
Devrais-je aujourd’hui le remercier ou lui en vouloir d’avoir tant insisté et de m’avoir conçue? Malgré toutes les difficultés de ma vie, je suis maintenant réconciliée avec lui et peut, sans arrière-pensée, lui dire merci d’avoir permis que je sois incarnée. Mais j’ai dû parcourir un long chemin de souffrances avant de parvenir à la libération. Et encore, celle-ci n’est jamais totale.

Dès le moment de ma conception, ma mère avait donc peur de devenir enceinte. Puis, après que la <
La personne aux prises avec la dépendance affective peut donc souffrir de carences importantes présentes depuis sa plus tendre enfance et qu’elle n’a pas réussi à combler par ses propres moyens, soit parce qu’elle n’est pas consciente qu’elle a ce problème, soit parce qu’elle ne sait pas comment guérir de ces carences profondes.

La plupart des gens qui souffrent de dépendance affective ne font pas la différence entre la dépendance elle-même et la carence émotionnelle qui lui a donné naissance. Ces personnes passent donc beaucoup de temps à travailler sur le problème de dépendance et négligent le travail de fond sur la carence. À première vue, ces personnes semblent avoir tout ce qu’il faut pour réussir dans la vie et pour réussir leur vie. Elles ont belle apparence, jouissent souvent d’une intelligence supérieure, réussissent leurs études, décrochent facilement un emploi, sont talentueuses et ont développé l’art de plaire. Lorsqu’on gratte la surface, cependant, on découvre que ces mêmes personnes souffrent d’angoisse chronique, sontcompulsives, cherchent l’amour avec frénésie et sont habitées par une grande nostalgie. Elles-mêmes ne comprennent pas pourquoi elles ont tant de difficulté à accéder au bonheur.

J’insiste encore sur le fait que les carences existent parce que les besoins fondamentaux de l’enfant n’ont pas été comblés de façon satisfaisante, et non pas parce qu’ils n’ont pas été comblés de façon parfaite, ce qui est impossible à faire pour qui que ce soit. De plus, leniveau de satisfaction est déterminé par l’enfant luimême et non par le parent qui a la responsabilité de combler quatre besoins fondamentaux: les besoins de sécurité, d’identité, d’estime de soi et celui d’aimer et d’être aimé. Pour plusieurs d’entre nous, ceuxci n’ont pas été comblés tout simplement parce que nos parents ne possédaient pas les ressources pour le faire adéquatement. Souffrant eux-mêmes de carences émotionnelles, ils n’ont fait que reproduire ce qu’ils avaient appris de leur propre enfance et n’étaient pas en mesure de donner plus qu’ils n’avaient reçu.

Dans mon livre précédent, j’explique comment je suis arrivée, après avoir tant écrit et tant parlé au sujet du bonheur, à constater que je souffrais de dépendance affective et comment j’ai enfin pu m’en libérer. Ma prise de conscience a débuté par des symptômes d’angoisse. Cette angoisse se manifestait surtout la nuit ou aux petites heures du matin, mais parfois le jour également, par une pression à la hauteur du sternum. Cette manifestation physique était accompagnée d’un sentiment de peur panique aux raisons inexpliquées. Cet état de malêtre était incontrôlable et se manifestait au moment où je m’y attendais le moins. Pour survivre, j’essayais de le combattre par l’action. Inconsciemment, je cherchais des anesthésiants à ma souffrance comme le font tous ceux et celles qui souffrent de dépendance affective.

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Des milliers d’individus en proie à une telle angoisse vont consulter le médecin et se retrouvent malheureusement avec une prescription d’anxiolytique ou de Valium au lieu de chercher la véritable cause de leur angoisse. Ils peuvent passer des années à étouffer leur problème par l’absorption de ces drogues. Cette façon de nier la réalité, c’est comme de mettre un plâtre sur une jambe de bois. D’autres drogues encore plus puissantes contrôlent les humeurs de personnes en difficulté de croissance psychologique. Au lieu de les aider à grandir, on les maintient dans un état neutre pour les empêcher de faire une dépression en ne réalisant pas qu’on les tue à petit feu. Aux États-Unis, le fameux Prozac, par exemple, se vend comme des petits pains chauds.
J’ai également compris que je souffrais d’un problème de dépendance affective en constatant ma difficulté à établir une relation de couple saine et durable. Au début, je croyais seulement que je n’étais pas chanceuse parce que la vie ne mettait pas sur ma route le compagnon <
La personne qui souffre de dépendance affective n’est pas de tout repos pour son conjoint. Pour se faire aimer, elle déploiera des trésors de séduction et sera même prête à donner sa chemise. Elle sera aussi prête à tout tolérer pour ne pas perdre l’objet de sa dépendance. D’un autre côté, elle fera preuve d’intransigeance et d’instabilité émotionnelle, comme un enfant. Les relations avec des dépendants affectifs promettent de fréquentes descentes aux enfers car elles sont marquées par l’insécurité, la colère, les repentirs, la peine, les pleurs, les crises existentielles, et par des élans d’amour passionné suivis de sentiments de haine.

L’une des caractéristiques les plus évidentes d’une relation basée sur la dépendance affective plutôt que sur l’amour véritable, c’est qu’à tour de rôle chaque membre du couple se retrouve dans la peau de la victime, puis dans celle du bourreau, étant parfois le sauveur, parfois le sauvé, parfois le dominant et parfois le dominé. Au début de la relation, on peut penser qu’il ne s’agit que d’une période d’adaptation, mais il n’en est rien. Plus le temps passe et plus ces rôles sont présents dans cette relation difficile. On ne distingue pas toujours qui joue quel rôle parce que, dans ce type de relation, les personnes deviennent manipulatrices, employant des moyens comme la maladie, la faiblesse, la pitié ou toute autre forme de chantage émotionnel. Celui qu’on perçoit comme le bourreau est parfois, au contraire, la victime. La <partenaire, sans même que celui-ci en soit conscient. Il faut souvent des années de ce régime avant que les yeux s’ouvrent enfin, et lorsque cela se produit, les échanges de paroles peuvent être assez violents.

La personne souffrant de dépendance affective se sent totalement impuissante à se faire aimer parce que, à la suite des nombreux rejets et abandons qu’elle a subis au cours de son enfance, elle en est venue à la conviction qu’elle ne valait pas la peine d’être aimée. Elle voudrait bien se convaincre qu’elle peut réussir à se faire aimer, qu’elle réussira, adulte, ce qu’elle n’a pas réussi lorsqu’elle était enfant. Un âpre combat commence alors entre la partie qui se dit qu’elle <
La personne souffrant de dépendance affective ne tientpas vraiment à gagner le combat. Alors elle va, inconsciemment, choisir des partenaires inaccessibles, des gens mariés ou vivant dans un autre pays, par exemple. Le défi doit toujours être de taille pour le dépendant affectif, sinon ça ne vaut pas la peine de s’y attaquer. Je me souviens de la théorie émise par l’une de mes copines au sujet des bons gars et des gars plus inaccessibles. Elle avait remarqué que pour plusieurs d’entre nous, toujours célibataires, les bons gars présentaient peu d’intérêt alors que les hommes compliqués faisaient monter les enchères, pour employer son expression. On observe le même phénomène chez les hommes; en effet, certains ne s’intéressent qu’à des femmes fatales, mystérieuses, impossibles à conquérir, mais qu’ils espèrent faire flancher.

Certaines histoires difficiles peuvent, à l’occasion, concerner des relations saines auxquelles la vie a présenté des obstacles de parcours inhabituels. En général, cependant, il s’agit de relations entre dépendants affectifs. Des spécialistes, comme le père Martin, dominicain maintenant décédé mais qui a animé de nombreux ateliers et supervisé des centaines de personnes en thérapie, ont en effet constaté que les dépendants affectifs avaient tendance à se reconnaître et à se choisir comme partenaires. Une personne saine qui désire vivre une relation épanouissante n’acceptera pas de fréquenter très longtemps un dépendant affectif. Il faut que les névroses se rencontrent pour que s’opère le choc amoureux entre un dépendant affectif et une autre personne.

Il est cependant possible qu’une relation entre dépendants affectifs devienne plus saine. Mais pour que cela se produise, il faut absolument que les deux personnes en cause reconnaissent leur problème et acceptent d’y travailler, et qu’une fois guéries elles décident de se choisir à nouveau, mais cette fois pour des raisons plus positives. Le travail à effectuer oblige presque toujours ces personnes à se séparer pour un certain temps car, pour se libérer de la dépendance affective, il faut d’abord apprendre à vivre seul, heureux et en paix avec soi-même.

Si vous avez une peur maladive d’être rejeté, que vous avez de la difficulté à établir une relation de couple sereine ou que vous désespérez de rencontrer l’âme sœur, vous souffrez peut-être de dépendance affective.

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Reconnaître sa dépendance
Il est toujours plus facile de reconnaître la dépendance affective d’un autre que la sienne. Plusieurs personnes m’ont avoué que la section sur la dépendance affective dans mon livre Petits Gestes et grandes joies les avait marquées. Elles se demandaient si elles ne souffraient pas de ce problème. Une bonne façon de déterminer si on souffre de dépendance affective, c’est de se demander si quelque chose nous fait peur dans nos relations interpersonnelles ou même de travail.

La personne souffrant de dépendance affective a peur de ne pas se trouver de partenaire ou de perdre celui qu’elle a. Elle n’est donc jamais vraiment heureuse; lorsqu’elle est seule elle ressent un vide, alors qu’en couple elle sent une menace peser sur elle. La peur de <
La peur de perdre son partenaire résulte presque toujours de la crainte qu’on avait de perdre son père ou sa mère lorsqu’on était enfant. En transférant cette peur sur le partenaire, on donne à cette personne un pouvoir extraordinaire sur nous. On finit par se convaincre qu’elle seule ou lui seul peut nous rendre heureux, combler nos désirs les plus secrets, nous comprendre. Pour un dépendant affectif, l’être aimé constitue de la véritable morphine humaine, dont les doses doivent toujours être augmentées pour maintenir l’effet.

Au tout début d’une relation, il n’est pas toujours facile de détecter si le désir de se rapprocher de l’autre est le désir sain et légitime que tous les amoureux ressentent. Chez une personne souffrant de dépendance affective, ce désir provient surtout d’une grande soif d’attachement et d’une recherche de la symbiose. Une bonne façon d’évaluer la qualité de notre relation, c’est d’observer notre réaction lorsque notre partenaire ne peut accéder à notre désir de le voir ou qu’il ne fait pas un geste que nous aurions apprécié. La personne dépendante affective réagit très mal à tous les contretemps, qu’elle interprète comme un rejet sans essayer de comprendre son partenaire. Toutes les occasions sont bonnes pour revivre les abandons et les rejets du passé et rebrasser ses émotions. Résultat: on fait de la peine à son partenaire, ou des colères injustifiées. Quant à la personne qui ne souffre pas de
dépendance affective, elle n’en fera pas une montagne si l’être aimé ne peut la voir ou même s’il n’en a tout simplement pas envie à ce moment précis.

Un autre indice de dépendance affective, c’est notre perception du temps lorsque nous ne sommes pas en présence de la personne aimée. Une heure peut nous paraître une journée et le fait de ne pas avoir de nouvelles pendant quelques jours peut conduire à un état de panique. Nous n’avons plus aucun jugement et nous sommes incapables de relativiser les événements.

Je me souviens d’un jour où j’attendais mon ex-conjoint sur le coin d’une rue, où nous avions convenu de nous rencontrer avant d’aller au cinéma. Il est arrivé une vingtaine de minutes en retard, mais je l’ai reçu comme s’il m’avait manqué de respect devant toute une foule. Chaque minute d’attente m’avait paru une heure. Au lieu de me dire qu’il avait eu un contretemps ou s’était trompé de chemin parce qu’il ne venait pas souvent à Montréal, j’étais outrée par son retard et en faisais tout un drame. J’espère qu’il m’a pardonné cette immaturité qui, à l’époque, lui a malheureusement fait passer de mauvais moments.

Le dépendant affectif peut aussi choisir des partenaires qu’il veut à tout prix sauver: des personnes souffrant d’alcoolisme ou de toxicomanie, des maniaques du travail, des personnes de milieu modeste… Il part en croisade en se disant qu’il deviendra indispensable à la personne qu’il va sauver et qu’elle ne voudra plus jamais le quitter. Lorsque cela se produit malgré tout, c’est la crise, qui mène parfois au suicide ou même, dans certains cas, au meurtre passionnel.

Mon frère Louis, qui a travaillé de très près avec des dépendants affectifs, me parlait dernièrement de ce phénomène du meurtre passionnel, qu’on a de la difficulté à comprendre. Selon lui, l’explication est fort simple. La personne souffrant de dépendance affective n’est plus capable de supporter la vie avec son partenaire, mais elle ne peut pas non plus envisager de vivre sans lui. Si elle s’enlevait la vie, elle ne pourrait supporter d’être séparée à tout jamais de son conjoint, et de ses enfants lorsqu’il y en a. En décidant de les tuer tous puis de se suicider, elle pense tout simplement qu’elle va les emmener avec elle dans un lieu sans souffrance où ils seront enfin réunis, dans la paix, pour l’éternité.

Fort heureusement, les relations avec des dépendants affectifs ne se terminent pas toujours de façon aussi tragique. Par contre, bon nombre d’entre elles baignent dans une atmosphère assez trouble. La jalousie maladive d’un ou des deux partenaires est un problème majeur dans ces relations. En général, la jalousie est plus forte chez la victime et le bourreau profite de cette grande insécurité émotionnelle pour faire de la manipulation ou du chantage.

Un ami me racontait que sa conjointe est tellement anxieuse et possessive qu’elle peut lui téléphoner toutes les heures pour vérifier s’il est bien à la maison et pour savoir ce qu’il fait. De plus, elle lit son courrier et filtre ses appels téléphoniques. Ces comportements de jalousie et de non-confiance se retrouvent toujours chez les personnes souffrant de dépendance affective. Elles sont tellement certaines que leur conjoint va les trahir qu’elles imaginent toujours le pire. Elles ne sont jamais vraiment heureuses, même lorsqu’elles sont tout près de leur partenaire. Même dans ces moments elles trouvent le moyen de se tracasser. Cet ami me disait que sa conjointe s’inquiète lorsqu’il est un peu perdu dans ses pensées et lui demande s’il ne pense pas à une autre femme. Cette attitude se poursuit même jusque dans le lit, lorsque des rapports intimes ne fonctionnent pas parfaitement bien. Le pauvre homme se fait encore
poser des questions pour expliquer ses <
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Dans une relation de couple, la dépendance affective peut être comparée à une prison dont les portes ne sont pas verrouillées mais qu’on n’arrive pas à franchir parce qu’à la simple idée de se retrouver loin de l’être aimé on a le souffle coupé. On est vraiment certain que la mort nous attend au pays de la liberté. Bien sûr, il y a aussi, dans ces relations, de l’amour et de l’attirance fondés sur des raisons objectives. Le problème vient du fait que cet amour n’est pas offert et reçu en toute liberté, mais plutôt dans une contrainte issue de l’attrait <Le dépendant affectif fait face à un dilemme important: il en arrive à ne plus être capable de vivre avec son partenaire, mais entrevoit la mort lorsqu’il imagine la vie sans lui. Il en résulte que toute tentative de rupture est extrêmement pénible, car il faut une période de sevrage, comme pour un alcoolique qui veut arrêter de boire. Les effets de ce sevrage sont encore plus dévastateurs que la panique ressentie en pensant à la rupture. Lorsque arrive le moment de la séparation comme telle, la personne peut ressentir de fortes douleurs à la poitrine et à l’estomac, éprouver des troubles du sommeil importants, dormant trop ou pas assez, faire des crises de larmes, se sentir agressive ou déprimée, et avoir l’impression d’un vide total en elle. Elle ne s’intéresse plus à rien et ne pense qu’à mourir. C’est ce qui empêche la plupart des dépendants affectifs de faire le pas vers la libération. Perdant le centre de leur
univers que représente leur partenaire, ils perdent tout sens d’orientation de leur vie.

La soif d’attachement du dépendant affectif est aussi un repère pour identifier le problème. Cette soif peut cependant être canalisée pour qu’elle n’ait pas d’effets nocifs sur le comportement et le bien-être de cette personne. Mon frère Louis a l’habitude de conseiller à une personne souffrant d’une telle soif de la disperser en ayant plusieurs points d’ancrage, au lieu de mettre tous ses œufs dans le même panier. Vouloir tisser des liens dans le contexte d’une relation saine n’est pas mauvais en soi et il existe des attachements qui ne sont pas nocifs. Ils le deviennent lorsqu’ils empêchent les personnes <
La personne qui n’a pas commencé à travailler sur sa dépendance affective veut à tout prix faire diminuer sa souffrance, qui est, comme nous l’avons vu, intolérable. Elle cherche donc des moyens pour soulager cette souffrance et même, si possible, pour la faire disparaître en quelques heures. Ces moyens, qu’on appelle <
Les moyens ou substances anesthésiants ne sont pas toujours mauvais; cela dépend du motif de leur utilisation. Bien sûr, la prise de cocaïne ou d’une autre drogue est toujours nocive, quel que soit le contexte. Par contre, pour ce qui est de la pratique d’un sport ou de la consommation d’aliments, par exemple, cela dépend. Bien manger et faire de l’exercice sont deux activités importantes et utiles. Manger pour oublier sa souffrance et camoufler ses émotions, ou faire du sport pour refuser d’entrer en contact avec soi-même, voilà qui est mauvais, parce qu’on s’en sert comme anesthésiants.

Après avoir pris connaissance de toutes ces caractéristiques d’une personne souffrant de dépendance affective, vous serez sans doute en mesure de déterminer si, oui ou non, vous êtes un dépendant affectif. Si vous avez encore des doutes parce que tout en étant très malheureux vous avez l’impression de persister dans un mode de vie par choix, demandez-vous si vous avez essayé de modifier ce mode de vie par des gestes concrets. Essayez de voir si votre choix de demeurer à l’endroit où vous êtes profondément malheureux vous est dicté par des prétextes masquant votre peur et même votre terreur d’opérer un changement dans votre vie ou si, au contraire, vous vous sentez tout à fait libre.

Le principal baromètre pour déterminer si vous êtes dans un mode de vie qui vous convient, avec ou sans partenaire, c’est l’état de votre santé physique et émotionnelle. Si vous êtes à la bonne place, vous avez toutes les chances d’être en santé. Par contre, si vous maintenez un lien ou un mode de vie par faiblesse, jalousie, insécurité, culpabilité ou même par soif de pouvoir, parce que vous souffrez de dépendance affective, vous pouvez être certain que, tôt ou tard, votre enfant intérieur va se rebeller et faire des siennes. Et si vous persistez malgré ses avertissements sous forme de panique, de stress ou d’angoisse, soyez assuré qu’il vous promet des problèmes de santé plus graves encore.

La dépendance affective est l’un des problèmes les plus graves dont peut souffrir une personne parce que, plus que tout autre, il engendre toutes les peurs humaines que l’on puisse imaginer: peur d’aimer, peur d’être aimé, peur d’être abandonné, peur de ne pas être à la hauteur, peur d’être rejeté, peur de ne pas en faire assez pour les autres, peur d’être exploité parce qu’on en fait trop, peur d’être seul et peur d’être avec les autres. De plus, à partir de la quarantaine, tous les anesthésiants que le dépendant affectif utilise pour survivre commencent à moins faire effet et ne réussissent plus à atténuer la souffrance. La personne se retrouve alors dans un cul-de-sac et se dirige, petit à petit, vers des maladies de plus en plus graves dont elle n’arrive pas à se débarrasser et dont elle ne comprend pas l’origine. Le père Martin, dont j’ai parlé précédemment, avait émis l’hypothèse que
plusieurs personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer seraient justement des personnes qui n’ont pas eu la chance de se débarrasser de leur dépendance et qui, pour en finir avec la souffrance, optent pour ce genre d’évasion jusqu’à la fin de leur triste vie. Il ne faut pas généraliser, bien sûr, mais une telle observation devrait nous mettre sur nos gardes et nous inciter à prendre le plus vite possible les moyens nécessaires pour régler une situation qui nous fait risquer gros.

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Démasquer ses anesthésiants
Toutes les activités d’une personne souffrant de dépendance affective peuvent constituer un anesthésiant à sa souffrance. En général, le dépendant affectif se prépare un cocktail de moyens d’évasion pour ne pas risquer de se retrouver, ne serait-ce qu’une petite heure, dans un état de souffrance intolérable.

On peut énumérer les principaux anesthésiants utilisés par les dépendants affectifs, mais la liste serait en fait illimitée. On a cependant remarqué que certains d’entre eux sont plus courants que d’autres: le travail, la consommation d’alcool, la consommation de nourriture, la masturbation, le jeûne, l’activité sportive, les activités ménagères, la consommation de tabac ou de drogue, l’écoute de la musique, le sommeil, la lecture, le cinéma.

Comment peut-on savoir si une activité ou une substance constitue une façon d’éviter de faire face à la souffrance ou si, au contraire, cette activité aide à rebâtir l’estime de soi tout en procurant du bon temps, sans toutefois qu’on considère son effet comme magique ou thérapeutique?

Comme je l’ai déjà mentionné, l’anesthésiant procure instantanément un effet apaisant et gèle la souffrance. Mais, pour être efficace, il doit être consommé en doses de plus en plus grandes. Les personnes souffrant de boulimie ne peuvent se contenter d’une consommation de nourriture équilibrée et modérée. Elles mangent de grandes quantités de nourriture, et très rapidement. Elles ne goûtent pas vraiment aux aliments; elles se gavent pour éviter de souffrir. Une fois l’orgie terminée, elles ne sont pas plus heureuses. De plus, ellesse créent un problème d’embonpoint. Les grands buveurs secomportent un peu de la même façon. Ils ne peuvent cesser de boire que lorsqu’ils arrivent au fond de la bouteille. Mais la soif demeure, car ce n’est pas d’alcool dont ils ont véritablement soif, mais bien de liberté intérieure.

L’un des anesthésiants les plus utilisés, autant par l’homme que par la femme, c’est le sexe. Il s’agit ici d’une compulsion sexuelle, qui s’exprime soit dans des rapports sexuels très fréquents ou dans la masturbation. Les personnes interrogées à ce sujet admettent toutes que cette boulimie de sexe ne les rassasie jamais et que, malgré une grande quantité d’orgasmes au cours d’une même journée, elles demeurent dans un état d’inassouvissement perpétuel.

Mon frère Louis a aidé l’un de ses amis compulsif sexuellement à se sortir de cet enfer. Au moment où il a connu cet homme, celui-ci avait quotidiennement des rapports sexuels avec trois femmes différentes et se masturbait deux ou trois fois par jour. Lorsqu’il accepta de supprimer de sa vie cet anesthésiant, après avoir éliminé tous les autres quelques mois auparavant, il ressentit une telle souffrance qu’il se mit à pleurer pour la première fois de sa vie. Ce torrent de larmes dura trois semaines complètes, jour et nuit, et il lui semblait qu’il n’en verrait jamais la fin. Et pourtant, il est plus heureux que jamais aujourd’hui, car il a réussi à traverser la barrière de l’anesthésiant pour se rendre au cœur de sa souffrance. Il peut maintenant jouir d’une vie sexuelle normale, avec une seule partenaire, et ne ressent pas le besoin de se masturber comme auparavant.

Comme je le mentionnais dans mon livre précédent, une personne adulte peut choisir, dans certaines circonstances, de satisfaire elle-même ses besoins sexuels plutôt que de subir un esclavage émotionnel. Dans ce cas, il ne s’agit pas d’une compulsion comme celle du dépendant affectif.

Les maniaques d’entretien ménager sont aussi des compulsifs. Pour faire taire leur souffrance profonde, ils se défoncent dans le ménage, nettoyant le plus parfaitement possible leur environnement. Ces personnes ont souvent été victimes d’abus sexuels à un très jeune âge et leur empressement à faire tant de ménage peut dénoter un besoin profond de nettoyer le sentiment de honte et de culpabilité qu’elles portent en elles depuis ce temps.

Certains anesthésiants sont certainement moins nocifs que d’autres, mais, lorsqu’on en augmente la dose, tous peuvent causer des problèmes importants à ceux qui les utilisent à cette fin. Qu’il s’agisse d’un surcroît de travail, d’une attitude de zèle dans les sports ou dans la pratique d’un art, ou encore d’une propension à s’évader dans la lecture de romans à l’eau de rose, le résultat est le même: la personne se coupe des émotions de peine, de colère et même de joie qu’elle ne veut pas ressentir de peur de souffrir autant qu’elle a déjà souffert. Et pourtant, ce n’est qu’en faisant face à cette souffrance qu’on peut passer par-dessus et réussir à éprouver une certaine paix intérieure.

Démasquer ses anesthésiants n’a pas pour objectif de supprimer toutes les activités que l’on aime pour ne se consacrer qu’à la souffrance. Il s’agit plutôt de déterminer si la décision de s’adonner à une activité est motivée par le besoin de s’étourdir et de se distraire de la souffrance, ou si elle est libre de toutes contraintes. Il peut s’avérer nécessaire, pour un certain temps, de supprimer la plupart des activités utilisées comme moyens d’apaisement de la souffrance afin d’effectuer le travail de nettoyage en profondeur. Mais cette interruption ne sera que temporaire. Lorsqu’on a surmonté le problème de la dépendance affective, on peut revenir, le cœur léger, à la pratique de tout ce qu’on aime. Le plaisir qu’on en retire alors est encore plus grand puisqu’il ne masque plus notre désarroi.


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Mon frère Louis, qui aide maintenant beaucoup de personnes à cheminer en ce sens, a réussi à surmonter complètement son problème de dépendance en supprimant toute forme d’anesthésiant durant une période de neuf mois. Il est convaincu cependant qu’on peut arriver au même résultat en six mois. Mais, comme il le dit, il faut vraiment que toutes les énergies soient orientées vers ce but ultime de se libérer de la dépendance affective et que l’on soit prêt à ressentir, en cours de route, les souffrances les plus atroces qu’on avait l’habitude de fuir grâce aux anesthésiants. C’est le prix à payer pour être heureux et ne plus avoir d’attentes infantiles par rapport aux autres. Vous trouverez peut-être que six mois c’est long dans la vie d’une personne. Pourtant, les thérapies les moins longues, avec l’aide d’un thérapeute, durent toujours un minimum de deux ans, et certaines durent beaucoup plus longtemps. Bien
sûr, les thérapies de soutien peuvent réussir à modifier un peu des comportements et à atténuer la souffrance, particulièrement lorsqu’on est dans le bureau du thérapeute. Le problème, cependant, c’est qu’elles peuvent aussi devenir une forme d’anesthésiant et qu’elles ne s’attaquent pas toujours aux carences profondes qui sont la source du problème.

Les thérapeutes ont comme rôle de nous mettre en contact avec nos propres solutions et avec notre énergie individuelle, la seule qui puisse nous tirer une fois pour toutes de la souffrance et du malheur. Leur intervention peut donc être bénéfique, et même nécessaire dans certains cas. Par contre, si une personne comprend bien l’origine de son problème et qu’elle est prête à investir temps et énergie pour s’en sortir par elle-même, elle peut le faire très efficacement et plus rapidement qu’en ayant recours à un intermédiaire.

Dans mon cas, trois thérapies (dans la vingtaine, dans la trentaine et au début de la quarantaine) ont été nécessaires pour déblayer le terrain et me permettre d’arriver enfin à la phase finale, qui a consisté à retrouver l’enfant en moi. Parallèlement à ces thérapies, il y a aussi eu des démarches plus spirituelles, des traitements d’acupuncture, des recherches ésotériques, des cours de reiki et, évidemment, j’ai utilisé de nombreux anesthésiants pour arriver à tenir le coup. Mon frère Louis est passé lui aussi par de nombreuses étapes pour accéder à la libération émotionnelle, qui s’est effectuée lorsqu’il a rencontré son <
Les propos de ce livre vous ouvriront peut-être une avenue que vous serez prêt à suivre dès maintenant, ou ils constitueront une semence qui ne sera prête à éclore que dans quelques mois ou même quelques années. L’important, c’est que la connaissance puisse germer à son rythme dans votre for intérieur. Comme pour le reste, je ne saurais que vous encourager à être attentif à votre intuition et à vous faire confiance pour les étapes ultérieures.

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Retrouver l’enfant en soi
Partir à la découverte et à la rencontre de notre enfant intérieur implique en tout premier lieu que l’on accepte le principe qu’un tel enfant existe maintenant et pas seulement qu’il a existé dans notre passé. Cette prise de conscience est fondamentale pour effectuer le travail de libération de la dépendance affective.

Personnellement, j’ai fait cette prise de conscience tout simplement en écoutant les propos de mon frère Louis qui a, en quelque sorte, déblayé le terrain et m’a devancée par ses propres expériences en ce domaine. Au tout début, lorsqu’il me parlait de l’enfant en lui, je pensais qu’il avait une imagination très fertile. Je voyais cet enfant comme le symbole d’une partie de notre mémoire et n’arrivais pas à me mettre dans la tête qu’il s’agissait de beaucoup plus qu’un symbole, mais bien de quelque chose d’aussi réel que l’adulte que j’étais devenue.

Je devais pourtant admettre que ce que décrivait mon frère, tous ses symptômes de souffrance et son incapacité à éprouver la sérénité de façon durable, ressemblait étrangement à ce que je vivais péniblement depuis des années. Malgré mes succès avec la programmation du subconscient et les grands pas que j’avais effectués dans ma vie professionnelle, je souffrais toujours et me sentais vulnérable. Je me demandais même si toutes les années consacrées à la recherche du bonheur n’avaient été qu’un long détour qui me ramenait au cul-de-sac du début de mon adolescence.

J’observais le visage serein et épanoui de mon frère, et l’écoutais rire de bon cœur en racontant tous ses malheurs passés dont il était enfin libéré. De plus, je m’émerveillais de sa santé, lui qui avait subi trois opérations à cœur ouvert et avait passé des années à consommer de l’alcool pour s’évader de sa souffrance. Je me disais donc qu’il devait sûrement y avoir quelque chose de véridique dans ses propos pour qu’il ait obtenu un tel résultat durable.

Un peu sceptique mais prête à lui accorder le bénéfice du doute, j’ai donc entrepris d’essayer de comprendre le phénomène de l’enfant en soi, mentionné par certains auteurs, comme, par exemple, John Bradshaw dans Retrouver l’enfant en soi. Quelques lectures m’ont appris que notre personnalité est faite de plusieurs composantes, qui jouent des rôles différents selon nos propres besoins de survie. Ces personnages sont notamment l’adulte, le parent nourricier, le parent autoritaire, l’enfant sain ou naturel, et l’enfant adapté ou rebelle.

Les auteurs peuvent apporter quelques variantes aux différentes composantes de notre personnalité mais, dans l’ensemble, ils ont une perception assez semblable. Afin de bien vous faire comprendre les aspects de la personnalité qui ressortent lorsque nous utilisons ces composantes, j’ai retenu les explications de Dorothy Corkille Briggs, tirées du livre Être soi-même publié aux Éditions de l’Homme.

Le Parent-Nourricier fait preuve de sympathie; il démontre, explique, modèle, réagit, partage son pouvoir, apprécie, voit ce qui est bien. Il agit sur l’environnement, non sur l’enfant. Il enseigne: «Tu es différent de ta façon de te comporter.» Il fournit un cadre, des limites solides sans être excessives.

Le Parent-Autoritaire juge, punit, exige trop, recherche la bête noire, garde son pouvoir pour lui seul, cherche à contrôler, remarque ce qui est mal. Il enseigne: «Tu es ce que tu fais.» Il punit. Ou se montre distant, désintéressé. Il dresse des bornes excessivement limitatives (ou ne fournit aucun point de référence).

L’Adulte possède une pensée rationnelle; il est en contact avec la réalité; il préfère un bénéfice à long terme à un plaisir momentané; il juge des diverses éventualités; il se sent responsable envers soi et les autres. Il est celui qui choisit. Il n’écarte aucune possibilité.

L’Enfant-Rebelle se sent démuni, blessé, dépossédé, révolté, inadapté, «mauvais», peu aimable. Sa culpabilité le domine. Il est sensible à la voix du Parent-Autoritaire (il se fortifie des messages négatifs qui en émanent). Il en est la victime. Il souffre.

L’Enfant-Naturel est libre, intuitif; il a le sens du jeu; il est spontané, impulsif, créateur. Il ne craint pas les émotions. Il les exprime. Il sait ce qu’il veut et le moment où il le veut (c’est-à-dire: tout de suite).

Les thérapeutes qui travaillent avec cette approche (appelée aussi analyse transactionnelle) s’entendent tous pour dire que les gens ayant peu ou pas d’estime d’euxmêmes ont un Parent-Autoritaire très fort et sont très vulnérables au stress. On dit aussi de ces gens que leur faculté de faire des choix, caractéristique de l’Adulte responsable, est diminuée en raison du manque de confiance qu’ils ont en eux-mêmes. Chez ces personnes, l’Enfant-Naturel n’a pratiquement pas de place et c’est alors l’Enfant-Rebelle (ou enfant adapté) qui fait la loi.

Les personnes souffrant de dépendance affectivesont évidemment parmi ces gens n’ayant qu’une faibleestime d’eux-mêmes et dont l’Enfant-Naturel ne s’exprime à peu près jamais. Mais, lorsqu’on comprend tous les rouages de la personnalité, on peut transformer une programmation négative en programmation positive. On redonne plus de place au Parent-Nourricier, qui aide à persévérer, et on reprend contact avec l’Enfant-Naturel après avoir gagné sa confiance.

Personnellement, ne sachant pas trop par quoi commencer pour vivre cette expérience, j’ai tout simplement pris un feuille blanche sur laquelle j’ai écrit: «Petite Michèle, je t’aime.» J’ai aussi écrit chaque étape de ma vie, soit les états de fœtus, de nourrisson, de petite enfant, d’enfant, d’adolescente et d’adulte, suivie de mon prénom, avec la mention que j’aimais cet être à ce stade de la vie. Par exemple: «Fœtus Michèle, je t’aime.» Vous ne pouvez vous imaginer à quel point cet exercice très simple peut avoir des répercussions importantes sur tout le reste de votre vie.

Au fil des mois, j’ai répété mentalement les mots <
J’ai aussi pris l’habitude de me frictionner vigoureusement au niveau du plexus solaire, justement à cet endroit où je ressentais une angoisse m’assaillir au moment où je m’y attendais le moins.

De plus, j’ai suivi très rigoureusement les conseils de mon frère en supprimant le plus possible de ma vie, au cours de cette période, toute forme d’activités ou de substances qui auraient pu me distraire de mon but. Par exemple, si je m’éveillais la nuit, au lieu d’aller me chercher quelque chose à boire ou à manger, je profitais de l’occasion pour reprendre ma conversation avec la petite Michèle en lui demandant de me parler, de me livrer ses peines et ses colères. J’ai souvent eu des réponses par le biais de rêves qui m’ont permis de résoudre plusieurs énigmes de ma vie.

Lorsque vous aurez commencé à déblayer le terrain, prenez une feuille blanche et notez les émotions qui vous habitent: colère, peine, peur et joie. Puis prenez le temps d’accueillir et de légitimer chacune d’elles.

La colère est légitime lorsqu’elle se présente parce que vous vous respectez et voulez vous faire respecter. La peine peut s’expliquer par le fait que le besoin de votre enfant intérieur d’obtenir de l’attention et de l’affection n’est pas comblé. Prenez quelques minutes pour satisfaire ce besoin. La peur démontre la présence de l’instinct de conservation qui vous a permis de survivre aux traumatismes et aux dangers que vous avez dû traverser avant de devenir adulte. Rassurez votre enfant intérieur que maintenant vous êtes là et que les dangers sont disparus et ne pourront plus vous atteindre.

Quant à la joie, vous n’y aurez vraiment accès qu’après avoir bien identifié et accueilli les autres émotions. Mais cette joie sera si intense et si réconfortante que vous comprendrez enfin tout le sens de l’expression «déborder de joie».

Une fois cette démarche terminée, utilisez la même approche en identifiant vos sentiments négatifs, comme la honte, la culpabilité, l’impuissance et la peur d’être rejeté. Accueillez ces sentiments pour vous permettre de vous en libérer définitivement. Vous ne serez pas parfaitement guéri d’un seul coup comme si vous aviez utilisé une baguette magique, et vous aurez parfois l’impression de faire des rechutes. Ne vous découragez pas, car je sais, par expérience, que ces moments de faiblesse ne sont que de <
Et tout à coup, vous aurez vraiment la certitude que vous êtes guéri. Vous aurez alors accès à des sentiments positifs comme la paix, la sérénité, le calme et l’amour véritable.

Retrouver l’enfant en soi est donc un défi à relever. Il est facile d’accès mais difficile à vivre en ce sens qu’il vous amènera à vivre et à revivre, tant que vous n’aurez pas complété le processus, des souffrances égales ou même supérieures à celles que vous avez ressenties lorsque vous étiez cet enfant. Ce n’est qu’à ce prix que vous y accéderez. Il y aura des pleurs, des craintes de ne pas survivre et des découragements. Mais, croyez-en mon expérience et le témoignage de milliers d’autres personnes qui ont réussi à traverser ce tunnel, chaque pas est irréversible et conduit vers la liberté et l’indépendance affective.


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Devenir son propre parent

Retrouver son enfant implique, par le fait même, qu’on doit l’accueillir et lui promettre de le chérir inconditionnellement et de toujours lui donner la première place. Pour ne plus jamais avoir peur que personne ne prenne soin de nous, il faut le faire nous-même en devenant notre propre parent.

Comment devient-on son propre parent et comment ce parent doit-il se comporter envers l’enfant intérieur? La meilleure façon d’être un bon parent, c’est d’instaurer un dialogue avec son enfant intérieur et apprendre à lui apporter plein de petits bonheurs au quotidien. C’est ce que les thérapeutes appellent <
Le dialogue intérieur implique que nous acceptons d’être à l’écoute de toutes les émotions et de toutes les peurs de notre enfant intérieur. Le parent doit aussi être attentif à tous les besoins exprimés par l’enfant sans porter de jugement de valeur. Si l’enfant manifeste le besoin de s’exprimer par le jeu, il faut accepter de le laisser faire et trouver du plaisir à jouer avec lui.

En établissant ainsi un dialogue sans interdits entre l’enfant intérieur et le parent nourricier, on devient de plus en plus soi-même et on en vient à laisser tomber tous les masques qui servaient à se protéger. Il peut être utile, au début, de tenter de faire plaisir à l’enfant intérieur en tenant compte de chacune des étapes de la vie séparément. Ce travail peut sembler superflu; pourtant, il permet souvent de combler des carences importantes de façon quasi instantanée, simplement en proposant une activité valorisante ou amusante qu’on vous a refusée durant l’enfance.

Si vous êtes attentif à votre enfant, il vous mettra sur la voie de ce qu’il désire, que ce soit aller au cirque ou lui offrir un gros cornet de crème glacée aux fraises. Certaines personnes vont avoir l’envie irrésistible de se procurer un jouet qu’enfants elles ont toujours désiré, d’autres prendront plaisir à porter des vêtements extravagants, et d’autres encore voudront ressentir les bienfaits que procure le massage parce qu’elles ont besoin d’être touchées.

Il est important, au cours de cet apprentissage, d’expliquer à l’enfant qu’on ne peut pas faire tout ce que l’on veut à toute heure du jour ou de la nuit, et qu’il y a certaines règles à suivre. Apprendre nos valeurs d’adulte à cet enfant naturel fait aussi partie du travail pour se libérer de la dépendance affective. Si l’adulte et le parent nourricier traitent l’enfant intérieur avec respect et intelligence, celui-ci comprendra très bien les règles de savoir-vivre et de bienséance sans se sentir rejeté comme auparavant.

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Faire la symbiose avec soi-même
Une fois le tunnel de la dépendance franchi, arrive la plus belle période de la vie d’un ex-dépendant affectif. C’est en effet la période où l’on peut enfin dire: <
Ce qu’il y a de merveilleux à cette étape, c’est que l’adulte libéré de la dépendance affective découvre tout un nouveau monde d’activités et d’intérêts qui ne seront jamais des anesthésiants puisqu’il n’y a plus en lui cette souffrance à congeler. De plus, il vit plus intensément les activités qui lui servaient autrefois d’anesthésiant parce que maintenant il les choisit librement au lieu de s’en servir comme bouées de sauvetage.

En étant en symbiose avec elle-même, la personne retrouve le sentiment d’omnipuissance du fœtus relié à sa mère. Les peurs et les colères durent quelques minutes tout au plus, l’insécurité disparaît pour faire place à la confiance et l’amour inconditionnel de soi-même donne maintenant accès à l’amour véritable sous toutes ses formes.

Plusieurs personnes ressentent une certaine ambivalence à ce stade, car elles vivent une période transitoire où elles cherchent où sont leurs véritables intérêts. Habituées à vivre dans la souffrance perpétuelle et à se trouver des activités pour combler un vide intérieur ou atténuer un problème, elles se sentent tout à coup dans une espèce d’état neutre parfois troublant. Mon frère Louis raconte qu’à cette étape il n’arrivait pas à trouver une seule chose qui lui fasse réellement plaisir. Il entreprit donc d’y aller à tâtons et d’essayer toutes sortes d’activités pour faire l’exploration du bonheur.

Il apprit d’abord à bien manger, ce qu’il n’avait plus fait depuis des années. À cette époque, il ne mangeait même pas un repas chaud par jour. Ce fut tout un changement positif dans sa vie. Puis il prit l’habitude d’aller souvent au cinéma, même seul, juste pour le plaisir de passer un bon moment à faire une activité de pur loisir. Il découvrit aussi les joies de la danse et se mit à voyager à l’étranger. Il parle maintenant l’espagnol couramment. Si vous le rencontriez, vous ne pourriez jamais croire qu’il a souffert de dépendance affective au point de penser sérieusement au suicide et de presque détruire son corps, qu’il traitait sans ménagement.

Cette période de symbiose avec soi-même en est aussi une de grande ébullition intellectuelle et artistique, car elle nous oriente toujours vers une plus grande créativité, qui est le propre de l’enfant naturel. On ne s’ennuie jamais dans une telle ambiance de découvertes et de réalisation de soi à tous les niveaux. Après les années de vaches maigres, c’est la période des vaches grasses qui débute. Et on peut enfin goûter à la vie sans panique ni angoisse existentielle.

Il ne faut pas penser qu’à partir de ce moment on est à l’abri de toute peine ou des épreuves normales de la vie. Cependant, on vit la peine avec plus de calme et, surtout, elle ne nous prive plus de la joie d’être avec ceux qu’on aime et de faire ce que l’on aime. C’est une différence appréciable pour un être humain qui aspire au bonheur.

La symbiose avec soi-même permet tous les espoirs, même celui d’envisager à nouveau de rencontrer l’âme sœur, mais cette fois sur des bases saines et libres de toutes attentes infantiles. Peu d’ex-dépendants affectifs se risquent dans cette voie de la vie de couple, ayant tellement été traumatisés par les échecs passés et n’ayant aucun modèle de vie de couple réussie. Ils savourent leur liberté retrouvée et le fait qu’ils n’ont pluspeur d’être rejetés ou abandonnés. Pour les ex-dépendants affectifs, partager sa vie avec un partenairen’est vraiment plus un besoin vital comme ils le croyaient auparavant. Ce peut être une préférence ou un goût, mais jamais au prix de sacrifier leur bien-être et leur sérénité.

Et pourtant, n’y a-t-il pas, dans le cœur de toute personne ayant souffert de la dépendance affective, un éternel souhait de vivre enfin, en harmonie, avec un partenaire avec lequel il serait bon de pratiquer «l’art d’aimer véritablement»?

1 commentaire:

  1. Je suis pour la fessée déculottée sur les genoux comme autrefois donner à main nu jai une jolie paire de fesses imberbes et douce je recherche un ou des adeptes de la fessée déculottée je suis en Picardie proche de Paris annonce très très sérieuse

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